Toute suite en arrivant au poste, les techniciens s’étaient affairés à prélever la moindre particule sur les trois suspects en sang avant d’enfin les autoriser à se laver et à se changer. Les vêtements qu’on leur avait donné étaient ce qu’il y avait de plus basique, un t-shirt et un jogging. Leurs habits ensanglantés étant conservés sous plastique comme pièce à conviction.

Le lendemain, Jean Fons avait resserré sa cravate, droit dans ses chaussures, il prenait le dossier en main pour le relire machinalement. Il écrasait la clope qu’il avait au bec avant de sortir de son bureau. Il envoya trois policiers interroger les trois suspects qui avaient sûrement passé une nuit merveilleuse dans trois cellules différentes. Ils n’avaient pas pu se parler depuis leur arrestation pour des raisons évidentes.  

Il confia une copie du dossier à chacun de ses collègues afin qu’ils puissent l’avoir sous les yeux lors de l’interrogatoire. Il y avait diverses photos de la scène de crime et notamment de la victime. Les trois individus appréhendés la veille avait été mis dans des salles séparés en attente.

Un homme entra avec le dossier sous la main, sur son badge, on pouvait lire Adam Lender. Il s’installa face à la jeune femme qui semblait nerveuse probablement à cause du manque de nicotine. C’était un homme de grande taille et assez mince, les lèvres pincées et le regard assez dur. Il devait avoir une trentaine d’années, ses cheveux blonds en brosse et une moustache rasée de près.

Il ouvrit le dossier devant elle :
«  Bonjour, je m’appelle Adam Lender, On ne va pas passer par quatre chemins différents, que faisiez vous hier soir ? »

Eléonore était fatiguée. Elle venait de passer le reste de sa nuit dans une cellule sombre, seule avec ses pensées. Les évènements de la veille l'avait chamboulé : l'appel de l'hôpital, l'opération et ça. De toutes les personnes qui existent il fallait qu'elle tombe sur lui. Pour couronner le tout, elle souffrait du manque de nicotine, qu'est-ce qu'elle n'aurait pas fait pour avoir une clope ?! On était venu la chercher et on l'avait emmener en salle d'interrogatoire. La lumière de la pièce contrastait avec sa cellule lui piquant les yeux. Un homme moustachu en uniforme était entré, un dossier à la main. Il pris place face à elle et après avoir feuilleté le dossier, il l'interrogea.
-"Je jouais de la guitare dans la rue pas loin de l’endroit où l'autre est mort." répondit-elle froidement.
Les doigts crispés, elle soupira, tressaillant frénétiquement de la jambe.


Des cernes, les yeux sombres, une barbe de 3 jours, Johnathan Blake entra dans la salle d'interrogatoire. Une jeune femme à lunettes y était déjà. Le dossier remis par son chef sous le bras, il s'assit et passa la main dans ses cheveux grisonnants.
-"Bonjour, mademoiselle. Je suis Johnathan Blake. Je suis ici pour vous interroger sur ce qu'il  s'est passé hier soir. Que faisiez-vous dehors à une heure aussi tardive ?"

Liz avait passé une nuit des plus mémorables, aucune heure de sommeil. Il semblerait qu’elle ai réfléchi toute la nuit à ce qu’il passé. Mais que s’est-il passé ? Elle l’ignorait. Elle avait tenté de sauver un homme et la voila derrière les barreaux pour avoir commis un soi-disant meurtre. Elle n’avait fait qu’aider un homme.

Vers une certaine heure on vint la chercher pour qu’elle se fasse interroger. On l’installa dans une salle avec seulement deux chaises, une table et bien évidemment la vitre sans tain. On l’y fit patienter ce qui lui semble être des heures durant. Puis elle vit un homme d’une quarantaine d’années s’installer face à elle et il ne prononça aucun mot dès les premières seconde de leur rencontre. Elle en profita pour l’observer. Pas mal… se dit-elle. Elle entendit distraitement la question.
« -Ce que j’ai fait hier ? Je rentrais du travail. Je bosse dans une agence d’import-export et travaillant avec l’étranger le décalage horaire fait que je dois y rester tard. »


Pendant ce temps le dernier suspect allait se faire interroger à son tour. Un homme d’une trentaine d’années franchi le seuil de la porte. Il jeta le dossier sur la table dans un bruit sourd et s’installa lourdement. D’après son badge cet homme il se prénommait Nicholas Green. Il avait un bouc réglementaire qu’il arborait fièrement.
«-Vous avez fait quoi hier soir ? »

Soren avait eu un réveil difficile, il avait presque cru que tout cela était un cauchemar quand il avait ouvert les yeux avec le crâne plus lourd que du plomb à l’entrée brutale d’un policier venu le chercher pour l’interrogatoire. La migraine qu’il avait était terrible, le moindre bruit résonnait douloureusement dans ses tympans. En attendant dans cette salle vide, il tira la langue en direction du faux miroir avant de se mettre à se masser les tempes doucement.

Lorsque l’homme entra il grimaçait à tout le vacarme que le policier fit.

«  Vous pouvez faire moins de bruit ? Je sors d’un lendemain de cuite difficile.  disait il nonchalamment. Il s’étira avant de se redresser doucement, il grattait son bouc à sa question.
- Ce que je foutais hier ? En fait, je buvais dans un bar comme un trou puis j’ai trouvé un mec mort, j’ai vomi sur les pompes d’un flic. Le truc c’est que je n’étais pas censé être saoul, j’avais calculé le taux idéal d’alcool qu’il me fallait pour être tout juste lucide mais c’est comme d’habitude, j’ai tendance à ne jamais respecter mes bonnes résolutions. Sinon vous allez probablement me demander si je connaissais la victime, non je ne la connaissais et non je ne l’ai pas tué, en fait j’ai même essayé de le sauver avec deux autres ravissantes jeunes femmes que je n’ai jamais vu avant. Ah et au fait, je veux contacter quelqu’un après. » fit il d’un sourire narquois.

Pendant ce temps, l’interrogatoire de la jeune Éléonore poursuivait, l’homme haussa un sourcil à cette réponse.

«  L’autre ? C’est un peu froid pour parler d’un homme que vous avez vu mourir, vous le connaissiez ? Vous n’êtes pas vraiment sous le choc. » Ses mots étaient précis et son ton tranchant. Il leva ses yeux bleus sur elle.

Eléonore leva à son tour le sourcils.
- "Ouais, je le connaissais  et j'aurais aimé plus jamais le revoir." Elle se mordit la lèvre. "J'ai peut être pas l'air sous le choc pour vous mais un type est mort et ça arrive tout le temps même en ce moment. Si je commence à m’apitoyer sur le sort de tous les gens qui meurent, je suis pas couchée." Elle toisait Lender dans le blanc des yeux, le regard froid, impassible. Seules ses mains et sa jambe trahissaient sa nervosité.


Blake croisa les bras sur la table. Il sonda Elizabeth.
-" Une agence d'import-export, je vois." Il se gratta le menton. "De quelle agence s'agit-il ? A quelle heure avez-vous quitté votre bureau ?"

« -L’agence ? Elle est très connue. Même vous, vous devez la connaître. Il s’agit de UPELA. J’ai fini mon travail aux alentours de minuit mais j’ai rencontré un collègue travaillant en direct avec le Japon. On a… discuté. Pendant une heure. Puis je suis partie pour rentrer chez moi. J’étais fatiguée et je suis partie vers une heure du matin. J’ai rencontré une fille qui faisait de la guitare et type complètement bourré. J’ai entendu un cri, je suis allée voir. Le type gisait au sol, on a essayé de l’aider. Mais on pouvait plus rien il était comme vidé de sang au niveau de la jugulaire. Puis vous êtes arrivés »

De retour avec notre suspect intelligent, le policier le regarda avec incompréhension. Il était vraiment tomber sur le jackpot en suspect. La veille se type bavait en dormant et maintenant il lui raconte des trucs qu’il ne comprend même pas. Il pris une grande inspiration comme pour se donner le courage de reprendre la conversation.

« - Calculer le taux de- Il passa une main sur son front.
Il pris son calepin pour prendre quelques notes.
-Laissez tomber. Soupira-t-il. Mary… Jefferson… Vous étiez donc saoul quand vous avez vu la victime ? Et vous avez essayé de le sauver ? Avec deux femmes ? Vous pouvez m’en dire plus ?  Parce que si vous étiez saoul comme vous dites vous ne devez pas vraiment vous souvenir de se que vous avez fait et peut être que vous avez tué cet homme sans en être conscient.
Il s’arrêta regardant le suspect toujours son sourire au lèvres.
-Pour votre appel, ça se fera après l’interrogatoire. »

Soren eut un petit rire sans joie à sa réaction. Il comprenait assez vite qu’il était face à un esprit assez étroit.
«  Le taux d’alcool dans le sang, vous savez quand vous faites souffler dans un éthylotest. Il eut un sourire plus crispé en entendant son premier prénom, Soren. En fait, je m’appelle plutôt Soren, c’est mon deuxième prénom. Eh bien, oui j’ai essayé de le sauver parce que vous, vous l’auriez pas fait ? … Vous savez mon cerveau ce n’est pas le vôtre, j’étais complètement arraché mais ma cervelle a tout enregistré et je consulte mes souvenirs maintenant comme si je consultais un vieille album de famille. Donc si j’avais tué cet homme je m’en souviendrais. Et puis si vous étudiez l’orientation et la taille du sang que j’avais sur mes vêtements, vous verriez que ça ne peut pas être moi le tueur. Il a été égorgé par un gaucher d’ailleurs. »

Il eut un silence dans la salle après la tirade de la jeune femme. Il toussait un peu et prenait en note tout ce qu’elle venait de dire.

« Comment cela vous le connaissiez ? Vous pouvez m’en dire plus sur ce que représentait cet homme pour vous ? J’ai l’impression à vous entendre que vous auriez eu toutes les raisons de le tuer. »

Eléonore claquait sa langue sur son palais, son rythme cardiaque s'accéléra. S'il y avait bien une chose dont elle ne voulait pas parler c'était bien de ça.
-"Ce gars ne représente rien à mes yeux, il n'a jamais représenté quoi que ce soit. Pour être franche qu'il soit mort ou vivant j'en avais rien à foutre. Il est mort maintenant fin de l'histoire." Elle baissa les yeux et marmonna : "Même si j'avais voulu le tuer, j'aurais jamais pu le faire."


Blake suivait attentivement ce que la jeune femme lui disait. Quand elle eut finit, il acquiesça :
-"Ah oui, je connais cette agence. J'ai déjà eu affaire avec, pour être connue elle est connue." Il eu un petit rire. "Bien revenons à notre affaire." Il se racla la gorge et prit des notes avant de regarder en coin Elizabeth. "Vous avez donc...discuté avec votre collègue, pendant une heure. Il doit pouvoir témoigner, comment s'appelle-t-il ? On peut le joindre ?"

Liz regarda le policier, elle n’allait tout de même pas lui dire ce qu’elle avait fait avec cet homme. Elle balbutia donc en regardant aux alentours  : « -...Mon collègue… Je sais pas comment il s’appelle…. On travaille dans des endroits différents et pas forcément aux mêmes horaires... Il y avait très peu de chance que je rencontre quelqu’un à une heure aussi tardive…. Et je crois actuellement qu’il n’est pas disponible si vous voulez tout savoir. Enfin je crois... »
Elle regarda le policier en espérant qu’il ai cru à son histoire, sinon elle serait obligée de lui avouer ce qu’elle a fait et ça c’est juste hors de question.


Dans une autre salle tandis que le suspect déblatérait des choses pleines de sens comme incompréhensible le policier le regarda d’un œil mauvais.
« -En parlant du test d’alcoolémie… Mary. Vous étiez bien au dessus de la limite autorisée. Mary. Alors calmez-vous ou je me chargerais de le faire. Il planta son regard dans celui du suspect qui se croyait plus malin que lui. Dans ce cas… Mary… -En accentuant bien sur ce nom - Vous n’êtes pas comme moi je vous l’accorde. Je ne suis pas une loque qui vomi sur les pieds des policiers. En attendant vous n’êtes pas moi et vous êtes en mauvaise posture. N'est-ce pas, Mary? Même si je ne vous inculpe pas pour meurtre, je peux le faire pour ivresse sur la voie publique. Maintenant je vous conseille de rentrer bien droit dans vos pompes et de me répondre sans commencer à m’énerver ! Mary Jefferson ! »
Le ton a monté. Beaucoup trop monté. Le policier peiné à garder son calme avec ce suspect voulant le rabaisser. Il serra le poing à s’en pâlir les jointures, il le serra tellement qu’il écrasa son stylo dans sa main qui se brisa dans un bruit sourd.
Il tenta de se calmer et posa une autre question.
« -Comment savez-vous que cet homme a été égorgé ? Je veux bien accepter que vous avez une bonne mémoire mais au vu de votre état lamentable de la veille vous ne pouvez pas avoir garder ce genre de détail en tête. » On pouvait tout de même distinguer un semblant de colère dans sa voix.

Soren se mettait bien au fond de son dossier et croisait les bras, il laissa parler l’homme en colère toujours avec ce sourire défiant.

«  Je ne veux pas vous vexer mais je suis peut être une loque mais j’ai beaucoup plus gagner que vous en ouvrant les cuisses monsieur le policier respectable. Et je m’appelle Soren, pas Mary . Je me rappelle de la blessure, j’ai mis ma main sur sa gorge pour essayer de stopper l’hémorragie et vu le sens où la marque que l’arme a laissé sur le cou de ce mec, c’était forcément un gaucher, c’est vous le policier respectable, pas moi. »

Soren commençait à s’énerver à l’entendre répéter son nom. Il serra le poing et expira en gardant le sourire.

Le policier restait d’un calme impérial, il joignait ses mains et se rapprocha légèrement.
«  S’il ne représentait rien pour vous, pourquoi est ce que vous semblez vous énervez à ce point à son propos ? C’est qui pour vous, un ex-amant que vous avez tué ? »

Il s’impatientait et frappa du poing sur le bureau après avoir hausser le ton suffisamment.

Eléonore sursauta face à l'excès de colère de Lender. Son regard azur plus froid que jamais. Elle se mordit la lèvre et serra les poings si fort qu'elle s'en écorcha presque les paumes. Elle soutenait le regard de Lender qui avait perdu son calme. Il n'était pas le seul. Le sang d'Eléonore battait dans ses tempes, son cœur s'était emballé. Elle se pencha en avant. La respiration difficile et la gorge serrée, elle lança :
- "Il me semble qu'amant entend que les 2 partis soient consentants, je ne crois pas que l'on puisse dire ça d'une gamine de 9 ans."
Elle eut un haut-le-cœur des plus violents. Ses mains tremblaient. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu ce genre de crise.
-"Je ne risquerais pas de ruiner ma vie pour cette raclure et je ne vois clairement pas l'intérêt de m'en prendre à lui après 13 ans."
Elle tressaillait de la jambe de plus belle. L'envie de fumer se fit bien plus grande encore, elle allait atteindre sa limite.


Blake observait la jeune femme tourner autour du pot. Il n'était pas duper et savait de quoi il en retournait. Il leva le sourcils.
- "Vous ne savez pas comment se nomme votre collègue ? Vraiment ? Voilà qui est fâcheux. Il est bien sûr le seul à pouvoir confirmer vos dires." Il laissa un blanc. "Si vous m'expliquiez de quoi vous avez...discuté on pourrait peut être avancer." Il avait bien insisté sur le mot "discuter". Il s'adossa à sa chaise, le regard fixer sur la jeune femme.

Liz était prise au piège. Elle ne connaissait pas le nom de son collègue c’est vrai mais il n’avait pas réellement ‘discuté’ tout les deux. Ils s’étaient plutôt… amusés dirons-nous. Elle le regarda un long moment. Soit elle était accusée d’un meurtre parce qu’elle n’avait pas d’alibi tenant la route soit elle lui avouait ce qu’il s’était réellement passé. Elle pris sa décision.
« -Je ne connais pas le nom de mon collègue, ça c’est vrai. Mais… On a pas réellement… discuté dans le sens du terme…discuter… vous voyez ? En fait si au début on a peu parlé. Elle laissa un blanc. Mais voyons vous devez bien avoir une petite idée de ce qu’il s’est passé quand même ?… Je vais pas être obligée de tout vous raconter ? Un peu d’imagination ! Une heure tardive de la nuit, deux collègues dans un bâtiment désert… Je vous laisse deviner la suite. »
Elle espéra vraiment que ce simple argument suffirait au policier mais même elle n’était pas sûre. Et peut être qu’elle devra vraiment lui dire ce qu’elle a fait.


Le policier regarda le dénommé Soren en déglutissant.
« -Je me fiche du métier que vous exercez ou combien vous gagnez. Ce que je veux c’est savoir si pour vous Yann Conrad avait quelque chose à foutre dans votre putain de vie ! Ok le tueur est gaucher donc ça aurait pu être vous. Vous êtes ambidextre. Vous étiez saoul et qui peut attester que vous avez réellement tenter de le sauver au lieu de l’achever ? Les deux femmes qui étaient avec vous peut être ? Elles n’ont peut être pas vu ce que vous lui faisiez à cet homme. Donc au lieu de me dire comment faire mon boulot, vous feriez mieux de me dire exactement et dans les moindres détails ce que vous foutiez à une heure du mat dans cette putain de rue au lieu de me faire tourner en rond comme un con ! Si vous continuez votre petit jeu, Mary, je ne donne pas cher de vous ! »
Il posa ses deux mains sur la table comme pour donner de l’intensité à ce qu’il venait de dire et pencha son visage en direction du fameux Soren à une distance tout à fait respectable.
« -Encore une tentative de ce genre et je m’occupe de vous personnellement... Mary... »

Soren fronçait légèrement les sourcils et leva les yeux d’exaspération, ce policier refusait d’utiliser sa tête.

« Si vous utilisiez votre cervelle, vous sauriez aussi que vu que j’étais ivre mort, je n’aurais jamais pu être aussi précis ! Je ne le connaissais pas, je sortais d’un bar et je devais rentrer chez moi !»

En l’entendant une nouvelle fois l’appeler Mary en insistant dessus, il finissait par poser ses mains à plat et il se leva d’un bond, se penchant en arrière il donna un violent coup de tête en plein dans le nez du policier en lui criant dessus :

«  Je m’appelle Soren bordel de merde ! »

Etant encore sous l’effet de la gueule de bois, il se tenait la tête et chancela en arrière.

Lender se calma légèrement et prit note de ce qu’elle venait de dire.

«  Donc vous avouez que ce type représentait bien quelques choses pour vous. Vous aviez toutes les raisons de le détester. Je suis désolé si cela s’avérait être vrai, ça ne vous donne pas le droit de faire justice vous même. Je vais vous dire comment je vois les choses. Vous avez voulu vous venger de ce qu’il vous a fait subir avec l’aide de deux autres acolytes. Ne jouer pas la carte de l’innocence, vous avez été prise la main dans le sac avec le sang de cet homme sur vous. Ce que je veux savoir c’est où est l’arme du crime et qui a fait quoi dans cette histoire. »

Il était toujours aussi ferme et son regard était toujours aussi dur, pour lui, il n'y avait pas de preuve que cette jeune femme se soit fait réellement abusé, il avait vu beaucoup de meurtrière reprocher à leur conjoint assassiné, leur violence sur elles, il était rodé mais il voyait bien tout la haine qu'elle avait pour cet homme, cela constituait un facteur motivant pour le meurtre.

Eléonore serra les poings avec frustration.
- "Je ne l'ai pas tué." siffla-t-elle. "Je connais même pas les gens avec qui j'étais dans cette rue. Et puis pourquoi j'irais parler de ça à d'autres alors que je l'ai même pas dit à mes parents ? Vous voulez des preuves ? Je suis désolée mais tout ce que j'ai c'est que je suis pas vierge. Comment vous voulez que je garde des traces de ce que cet enfoiré m'a fait y a 13 ans ? Je me suis lavé depuis." Elle bouillonnait, un verrou était parti et avait libéré quelque chose qu'elle avait eu tant de mal à enfouir. "La carte de l'innocence mon cul ! J'ai jamais voulu me venger de ce qu'il a fait, je voulais juste oublier son existence, je m'en fous de ce qu'il a fait depuis. Si j'avais son sang sur moi c'est parce que j'ai essayé de sauver un mec qu'avait du sang partout manque de pot c'est le bâtard que je peux pas voir en peinture. L'arme du crime ? Je sais pas où elle est. Qui a fait quoi ? Je ne l'ai pas tué c'est tout ce que je peux vous dire."
Elle peinait à garder son calme. Parler de ce type lui mettait les nerfs à fleur de peau et ce flic avait l'air décidé à la mettre à bout. Les dents serrées, elle faisait face à Lender, sans sourciller.


Un rictus apparut sur le visage de Blake. C'était bien ce que je pensais, se dit-il.
- "J'imagine assez bien ce que vous avez pu faire rassurez-vous." Il joignit les mains sur la table. "Vous avez forniqué. Je ne vois pas ce qu'il y a de si honteux à ça, à moins qu'il y ait quelque chose d'autre ?" Il laissa un blanc histoire d'observer la réaction d'Elizabeth. Il y avait forcément anguille sous roche. "Admettons que vous ne savez vraiment pas son nom, vous devez tout de même savoir à quoi il ressemble. Vous n'avez pas tout fait dans le noir tout de même. S'il travaille dans la même agence que vous on doit pouvoir le retrouver, il est le seul à pouvoir témoigner pour vous après tout."

Quand il dit à Elizabeth ce qu’elle avait fait, ça la rassura un instant. Un truc en moins à dire… Mais elle allait tout de même devoir répondre de ses actes.
« - Forniquoi ? Je connais même pas ce mot. Mais si vous voulez dire que j’ai passé du bon temps avec cet homme alors oui, j’ai fornitruc là… Oui je sais à quoi il ressemble, il est… grand… Il a superbe accent japonais. Il... a les yeux… bleus je crois. Ou vert. Mais en tout cas pas marron, ça c’est sûr. Il est brun et il était en costume cravate. Mais je peux vous dire qu’il est aussi bien sans… Elle observa le policier avec insistance. Par contre je ne me souviens plus où il est… je crois que c’est dans un bureau… au 3e étage un truc comme ça... mais je sais dans quel état en tout cas. Oh oui… le pauvre, il peut pas s’en sortir seul… Et je pense qu’il se souviendra de moi effectivement. » Dit-elle avec un clin d’œil en direction du policier.


Le policier n’en revenait pas. Un suspect s’attaquant à lui. Le choc le fit reculer et percuter la vitre sans tain. Il passa rapidement sa main son nez, cassé. Puis porta un regard plus qu’enragé en direction de l’homme lui ayant fait ça. L’adrénaline lui parcourant les veines il s’éloigna du mur en criant à l’attention du suspect :
« -Tu vas le payer le tapin ! »
Il franchi la table en une enjambée et plaqua le pauvre suspect contre le mur, toujours en le regardant dans les yeux.
« -Je crois, espèce de connard, que tu viens de t’attirer les foudres de ta vie. En plus d’un meurtre, outrage et violence à agent. Ton casier va être bien rempli et tu vas pas sortir avant longtemps... »
Il força le suspect à se mettre ventre contre le mur pour le menotter. Son cœur battait plus vite lui faisant cracher le sang qu’il avalait par mégarde.
« -Je crois que l’interrogatoire est fini… Mary Jefferson... »
Du sang coulait dans le dos du suspect et sur la chemise du policier mais il s’en fichait royalement, il voulait juste remettre le suspect à sa place et n’hésiterais pas à user de la force pour y parvenir.

Soren ricanait assez fier de lui, il lui disait

«  C’est ça c’est allez vous faire foutre monsieur le policier respectable. Vous pensez que mon casier est vierge ou quoi ? Un truc ou deux de plus, je m’en fiche. »

Il regagnait sa cellule et une fois démenotté, il fit des fucks à l’agent de police et donna un violent coup de pied à la porte avant de regagner sa couchette. Sa pauvre tête allait exploser ! Il toucha la tache de sang qu’il avait sur lui, plutôt satisfait d’avoir casser le nez de ce type qui lui tapait sur les nerfs. Il se massait le front lentement et réfléchissait plutôt à comment il allait sortir d’ici.

Le policier resta d’un calme impérial devant l’énervement de la jeune femme.

«  Donc vous vous n’avez pas de preuve et vous n’avez jamais rien dit à vos parents. Vous détestez la victime et quel heureux hasard de voir que vous êtes retrouvé près du cadavre avec d’autres personnes elles aussi couvertes de sang. Ca fait quand même beaucoup de coïncidence non ? Alors avouez maintenant. Vous pourrez avoir une peine allégée si vous nous dites la vérité. »

Il était agacé, il voyait bien que cette jeune fille resterait sur ses positions.

- "Pour la 3è fois je ne l'ai pas tué." Elle tapa des poings sur la table. "Je vais pas avouer un crime je n'ai pas commis. Ça fait beaucoup de coïncidences j'avoue mais je ne mens pas. Allez demander à la meuf à lunettes ou l'autre gars qu'était complètement pété, ils pourront vous dire ce qu'il s'est passé. J'ai essayé de sauver ce connard." Elle était en train de craquer. "Non j'ai pas de preuves de ce qui m'est arrivé et non j'ai jamais rien dit à personne. Je n'ai rien dit parce que j'étais une gamine de 9 ans qu'était incapable de comprendre ce qu'il se passait. Il a abusé de moi à plusieurs reprises et tout ce que j'ai pu faire c'est me taire et tout garder pour moi." Elle baissa les yeux. "Vous pensez que j'ai tout inventé c'est ça ? Que je me suis imaginé mon viol ? Que j'ai buté ce type et que je me cherche une excuse ? Je supporte plus qu'on me touche depuis, je suis incapable de prendre ma soeur dans mes bras, c'est pas l'envie qui me manque pourtant. Vous pensez sérieusement que j'aurais inventé ça ?"
Elle se frotta les yeux du pouce et de l'index, elle en avait assez. Ce moustachu commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Mais bordel, qu'est-ce qui lui voulait à la fin ? Elle n'avait qu'une envie : partir, fumer une clope. Elle voulait rentrer chez elle et rester seule, surtout rester seule.


Alors c'est donc ça. Il griffonna silencieusement sur son calepin avant de sourire à Elizabeth.
- "Comment ça il ne peut pas sortir tout seul ?" demanda-t-il en fronçant les sourcils. "Il est au 3è étage c'est ça ? On pourra donc le faire venir avec votre description." Il marqua une pause et se massa les tempes. "Bien revenons-en au fait. Si par bonheur votre amant d'un soir peut témoigner pour vous il s'est tout de même passé du temps entre votre départ de l'agence et la découverte de la victime. Pourriez-vous me donner une version des faits d'hier après votre petite partie de plaisir ?"

« -Il peut pas sortir tout seul parce que… Parce qu’il est attaché. Au bureau. Avec sa cravate. Mais oui au 3e étage. En revanche il faudra que vous l’aidiez à ce sortir de là. Pensez ce que vous voulez de moi, je m’en fou. Je prends mon plaisir dans ce genre de situation. »
Quand il se massa les tempes elle soupira. Voilà, elle a pratiquement tout dit. Mais au moins maintenant son alibi tient la route, ils n’ont plus qu’a le libérer et il pourra dire qu’ils sont restés ensemble pendant environ une heure. Mais après ?
« -Comment ça il s’est passé du temps ? Une fois que j’en avait fini avec lui, je suis partie de l’agence aussitôt. J’ai pas fait de détour ou quoi que se soit. Je voulais rentrer chez moi. Et après je vous l’ai déjà dit. J’ai rencontré un type bourré et une femme qui faisait de la guitare. J’ai entendu un cri donc je suis allée voir. Un type gisait au sol et quand j’ai vu qu’il était conscient j’ai demandé aux autres personnes présentes de m’aider. Il saignait abondement de la jugulaire et je l’entendais ‘buller’ la femme avec la guitare pressait sa gorge mais d’un coup je sais pas pourquoi elle a tout lâché. Le type bourré a aussi essayer mais j’ai rapidement pris le relais. Puis le type bougeait plus. Il avait plus de pouls. Il était mort et nous on a juste voulu l’aider. Et voilà où ça nous mène ! »
Elle frappa du poing sur la table

Il l’écoutait sans rien dire. Il ne savait pas trop ce qu’il devait en penser. Il se passait les doigts sur sa moustache, semblant réfléchir à ce qu’elle venait de dire.

«  Admettons que cela soit vrai, la situation reste la même, vous avez été retrouver en sang à côté d’un homme que vous détestiez. Je ne sais pas si je dois croire ce que vous dites, vous pouvez très bien jouer la comédie. Pour l’instant, vous avez répondu à toutes mes questions, ou plus ou moins. Je vais vous raccompagner en cellule. Donc vous maintenez cette version des faits, nous verrons ce que les preuves diront.»

Adam lui fit signe de la suivre, il s’assurait qu’elle ne cherche pas à faire quelque chose d’idiot comme tenter de fuir ou autre fantaisie. Il apprenait le léger incident qu’avait subit son collègue qui avait encore le nez en sang et qui allait sûrement avoir le droit à un arrêt maladie de quelques jours bien mérité. Lender commençait peut être à penser qu’elle ne mentait pas sur ces abus mais il était persuadé de sa culpabilité dans le meurtre de cet homme. Ses réactions tout au long de l’interrogatoire étaient à ses yeux des preuves très suffisantes mais irrecevable sans preuve scientifique pour appuyer ça.

Sa cellule était face à celle de Soren, ce dernier était près de la porte et l’interpella

«  Hé tu étais la fille à la guitare ? Je te cache pas que l’on est assez dans la merde. Ils ont tous très idiots et on est dans leur ligne de mire. »

Pendant ce temps, on avait prévenu la belle Cathalinda Conrad pour qu’elle puisse identifier le cadavre à la morgue, le temps qu’elle arrive, le jeune inspecteur déboula dans la morgue, il était en retard et en sueur. Il allait voir directement le médecin légiste. Lawrence Harper, il était officiellement en charge de l’affaire, ordre direct de son supérieur le commissaire Jean Fons. Il reprenait ses esprits et demandait un rapport concernant la victime.

Eléonore soupira. Lender ne la croyait pas, c'était évident. "Puisque je te dis que je l'ai pas tué, pourquoi tu t'obstines ?" pensa-t-elle. Il la ramena à sa cellule. Au passage ils croisèrent la route d'un autre policier le nez en sang qui rageait et s'agitait dans tous les sens. Sa cellule était en face de celle du gars de la veille, il avait l'air d'avoir décuvé. Elle s'assit sur sa banquette avec un immense soupir, elle n'était chez elle mais au moins elle ne sera plus obliger de parler de "ça". Si il y avait bien quelque chose qu'elle ne supportait pas, c'était bien parler d'elle. Et l'autre qui ne la croyait pas, c'est quoi son problème. Le jeune homme lui adressa la parole, elle l'écoutait distraitement lorsqu'elle sentit un haut-le-cœur. Elle eut à peine le temps de se pencher au-dessus de ses toilettes de fortune qu'elle rendit le contenu de son estomac. La tension était retombée, elle n'en pouvait plus, quelle journée merdique. Tremblante, elle s'assit par terre, adossée au mur, les bras autour des genoux.
- "Qu'est-ce que je donnerais pas pour une clope ?" lâcha-t-elle.


Blake se retint de rire : elle avait oublié son amant attaché au bureau, pauvre homme. Décidément, ils avaient des suspects bien singuliers. Il se racla la gorge.
- "Calmez-vous je vous prie. Je ne vous accuse pas mais comprenez qu'étant l'une des premières personnes à être arriver sur les lieux nous devons bien vous interroger." Il parlait posément. Il pouvait comprendre la frustration de la jeune femme : être accusée d'un meurtre qu'on n'a pas commis et être mis en cellule comme telle, sa colère était concevable. Si elle n'était pas coupable, cela va de soit. Il reprit : "Vous avez tenté les premiers soins, ça explique tout le sang que vous aviez sur vous. Ça se tient. Connaissiez-vous la victime, Yann Conrad ? L'aviez-vous déjà rencontrer avant ?" Il posa une photo de la victime en face d'elle.


A la morgue, Corey Hooper examinait le corps derrière ses lunettes cul de bouteille. Il cherchait tous ce qui pourrait lui être encore visible avant d'aller plus loin. Il avait lavé le corps, rentré tous ce qui dépassaient, examiné grossièrement les multiples blessures, tout ça avec précaution. Il était très lent dans ses dissections, il prenait le temps de connaître la victime avant, il ne fallait pas la brusquer pour qu'elle lui révèle les secrets ce qu'elle dissimule. L'arrivée du jeune inspecteur Harper le tira de ses pensées. Il leva la tête.
- "Ah vous voilà." Il réajusta ses lunettes. "Je crois que c'est notre première rencontre, il ne me semble pas vous avoir vu avant. Je suis Corey Hooper, j'espère que notre collaboration se passera bien." Il tendit la main en souriant.

Liz se repositionna mieux dans sa chaise. Définitivement ce flic ne lui voulait que du bien. Elle se calma malgré elle. Elle ne pouvait pas s’énerver face à cet homme si calme.
« -Je comprends bien que vous deviez m’interroger. »
Elle regardait attentivement la photo devant elle. Oui ce type lui disait quelque chose, beaucoup de choses même puisqu’il avait fait parti de sa vie un certain temps.
« -Oui je le connais, enfin je connaissais cet homme. Elle prit la photo dans les mains et planta son regard dans celui du policier. Yann Conrad… Comment l’oublier ?… Je suppose que vous voulez tout savoir… Eh bien, j’ai rencontré Yann pendant mes études. Je crois qu’il y a eu un truc, une sorte de coup de foudre comme on dit, sans vraiment en être un. On est resté ensemble environ 3 mois. Puis du jour au lendemain je l’ai quitté. J’ai découvert qu’il était marié. J’étais donc son amante sans le savoir. Il ne m’avait rien dit. Et quand je l’ai appris, je ne voulais plus jamais le revoir. Cela ne pouvait pas continuer entre nous deux, je ne voulais pas faire partie d’une relation extraconjugale. Il m’avait menti alors que je lui avait fait confiance. Mais cela ne m’inclue en rien des suspects, ça remonte à plus de 4 ans. Pourquoi j’aurais voulu me venger maintenant ? Ça n’a pas de sens. Sa voix changea de ton pour être plus calme que celle du policier mais aussi plus... enjôleuse. Je pense que vous le comprenez, vous êtes assez intelligent pour  ça… Monsieur Blake...»
Elle profita du fait qu’il écoutait attentivement ce qu’elle disait pour remonter sa jambe vers celle du policier. Elle ne pouvait pas s’énerver face à lui mais elle pouvait aussi bien le draguer pour qu’il la laisse sortir, après tout le fait qu’elle connaissait la victime et qu’ils aient vécus une aventure fait le mobile parfait. Un crime passionnel, les flics sont fans de se genre de truc. Alors autant tenter le tout pour le tout. Sa jambe continua de remonter lentement elle le regardait sans défaillir, elle adorait ça.
« -N’est-ce pas,... officier Blake... ? » Lui sourit-elle.

Cela fit sourire Soren de l’entendre vomir, il se disait qu’il ne faisait pas souvent vomir les jeunes femmes. Il s’adossait à la porte en réfléchissant, une fois de plus, son frère allait devoir intervenir, la violence sur un agent de police, il allait sûrement avoir une belle amende salé mais il ne s’en faisait pas trop, il savait déjà à qui il allait s’adresser, son grand frère adoré. Soren n’avait jamais été un grand bagarreur alors il compensait toujours en s’assurant de bien porter le premier coup, et quand c’était un homme, il savait aussi quel était l’endroit idéal pour étourdir suffisamment, c’était une technique qui l’avait d’ailleurs souvent sauvé.

« J’ai explosé le nez du policier, et j’en suis très content. Fit il tout haut, sûrement voulait il que les autres flics l’entendent.  Dis moi, tu t’appelles comment ? Autant faire les présentations, je m’appelle Soren Jefferson. En fait tu peux m’ignorer et faire comme si j’existais pas mais ça ne va pas m’empêcher de te parler. On me trouve très vite insupportable. »

Malgré tout ce qui était arrivé, il semblait plutôt calme et très content de lui.

Lawrence détailla du regard l’homme en face de lui, c’était un jeune inspecteur récemment promu, cette affaire était sa première affaire d’homicide, la pression était grande mais il gardait la tête sur les épaules. Il regardait le corps de la victime allongé sur la table métallique, en meilleur état que la veille après être passé dans les mains du médecin légiste mais l’odeur du sang sec n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable. Il regardait de nouveau son interlocuteur quand ce dernier lui tendit sa main, il avait eu une seconde d’hésitation sur s’il était prudent de serrer la main d’un médecin légiste sortant probablement de dissection. Il prit sa main et lui souriait un peu.

«  Lawrence Harper, oui, je suis nouveau ici. C’est ma première enquête d’homicide, j’essaye de bien faire pour le moment, donc je suppose au vue de l’état du corps que vous avez fini de faire parler le cadavre ? Je peux avoir un rapport ? »

Elle regardait Soren la tête posée sur les genoux. Jefferson...
- "Eléonore." répondit-elle. Quitte à être enfermée autant passer le temps comme elle le pouvait, ce sera toujours mieux que de se morfondre. "C'est vrai qu'on est dans la merde mais t'as tiré le gros lot en tapant un flic."
A y regarder de plus près il lui rappelait quelqu'un et c'était plus que flagrant pour être une simple coïncidence.
- "T'as dit que tu t'appelais Jefferson, c'est ça ? Tu connaîtrais pas un médecin par hasard ?"


Qu'est-ce qu'elle était en train de faire là ? Blake eut un moment de bug. Alors elle voulait jouer à ça. Il recula sa chaise et croisa les jambes sur le côté.
- "Il était donc votre amant, une relation certainement plus sérieuse que celle que vous avez vécu la nuit dernière. Ce genre de choses vous met effectivement sur la liste des suspects et ce peu importe ce que vous pourrez me faire." Il fixait la jeune femme droit dans les yeux. Il croisa les bras. "De plus ici c'est moi qui met les menottes et qui pourrait vous oublier dans une pièce, tachez de vous en souvenir à l'avenir. Ce n'est pas parce que je me montre conciliant que je n'en pense pas moins sur vous." Il ferma son calepin et se leva de sa chaise. "Bien cet interrogatoire est terminé, j'ai entendu tout ce que je voulais savoir. Si vous voulez bien me suivre Mrs Merry."
Il la raccompagna dans sa cellule avant de rejoindre ses collègues. Apparemment l'un d'entre eux avait été mouvementé.


Hooper serra fermement la main du jeune inspecteur.
- "Enchanté." Il se retourna et passa derrière la table d'autopsie. "Et bien pour une première affaire vous êtes gâté. Je n'ai pas encore procéder à des examens approfondis mais je peux vous dire que celui ou celle qui a fait ça était plutôt remonté. La victime a été égorgée, éviscérée et poignardée à plusieurs reprises. Une vraie boucherie qui ne peut pas avoir été perpétrée par quelqu'un qui ne le connaissait pas ou alors y a un sacré taré qui se balade à Londres. La lame qui a fait ça doit être assez aiguisée mais un simple couteau de cuisine aurait très bien pu faire ce genre de dégâts. Étant donné la profondeur des plaies je pense que la victime a été poignardée puis égorgée ensuite, on voit qu'au fur et à mesure des blessures le coupable s'est lâché. En regardant de plus près la blessures à la gorge on peut voir par rapport à l'angle qu'elle fait que le coupable tenait l'arme de la main gauche. J'ai remarqué plusieurs blessures défensives et j'ai prélevé des particules sous ses ongles que j'ai envoyé au labo. Notre victime ne s'est pas laissé faire il a certainement du se débattre avant de finir à l'agonie dans cette ruelle. Voilà tout ce que je peux vous dire pour le moment."
Il venait de finir lorsque des voix se firent entendre dans le couloir. Le légiste regarda derrière Harper.
- "Ah, je crois que la famille de la victime est arrivée."

Une fois en cellule Liz le regarda partir.
« -Sérieusement ? Vous m’auriez attachée et oubliée ? J’attends de voir ça officier Blake ! Avec impatience!  »
Elle resta près des barreaux. De toute manière que pouvait-elle faire ? Elle soupira et essaya de se calmer. Cet homme l’avait rembarrée ! Jamais un homme lui avait refusé quoi que se soit et certainement pas ça. Il fallait bien une première fois à tout et elle n’aimait que le premier fut l’officier Blake. Elle s’imaginait déjà lui faire pleins de choses et en profiter mais il avait tout anéanti en même temps qu’il avait fermé son calepin. Elle remarqua distraitement un homme à sa gauche et une femme dans la cellule devant elle. Elle regarda en premier la femme.
« -ça à pas l’air d’aller la guitariste. Vous allez bien ? Puis elle porta son attention sur l’homme dans la cellule adjacente. Et vous, dessaoulé ? »

Pendant que les suspects faisaient connaissance une femme entra dans le commissariat avec un enfant et un adulte s’occupant de celui-ci. On leur indiqua directement la morgue, un policier les y accompagna mais on pouvait entendre la femme à moitié en sanglot.
« - Ou est mon mari ?... »
A côté d’elle l’enfant âgé d’environ 5 ans tenait la main d’un homme paraissant assez jeune. Ils n’avaient pas l’air de savoir ce qu’ils faisaient ici. Mais la femme avait une très bonne idée de ce qu’il était arrivé. Son mari n’était pas venu la rejoindre...

Il grimaçait un peu et souffla :

«  Ce connard l’a bien mérité son nez pété. Déjà, il est con comme ses pieds puis il est étriqué. Je lui dis de réfléchir avec sa tête, mais il réfléchit avec ses pieds, je veux dire, c’est évident que ce n’est pas nous. On ne va pas tuer un parfait inconnu et les traces de sangs sur nos habits montreront qu’on a voulu le sauver et pas le tuer. Quel monde de merde, on autorise ces mecs à être des policiers. Je suis pas un idiot, j’aurais juste une amende salée, il aura pas assez de jours d’arrêts maladies pour que cela atteigne la prison. Je me trompe rarement sur mes prognostiques.  »

Il haussa un sourcil à sa question, s’il connaissait un médecin ? Oh que oui, son frère, aussi compliqué soit leur relation, il avait toujours été là pour le tirer de mauvaise affaire et c’était surement le seul membre de sa famille avec qui il avait gardé un semblant de contact.

«  Un médecin qui s’appelle Jefferson, tu dois connaître mon grand frère alors ? Ashford Percy Jefferson, c’est le top du top de la chirurgie en fait. »

Il regardait la nouvelle venue et il lui fit un sourire des plus agréable. Monsieur était entouré de jolis jeunes femmes et il en était plutôt content.

«  Elle a vomi quand je lui ai parlé, je suppose qu’elle pourrait avoir meilleure mine. J’ai encore mal au crâne et ça s’est légèrement intensifié quand j’ai pété le nez du flic en face de moi. C’est quoi ton petit nom d’ailleurs ? Moi c’est Soren Jefferson. C’est dingue ça, on passe une soirée tranquille et le lendemain on se retrouve accusé de meurtre, je pourrais bientôt écrire un best-seller sur ma vie pour ridiculiser la police de Scotland Yard, toujours aussi incompétente, ça s’est donné des amendes mais dés qu’il faut réfléchir sérieusement y a plus personne ! »

Lawrence suivit du regard le médecin pendant qu’il déblatterait son rapport, il semblait pensif et attentif à ses mots. Il s’avança vers le corps en restant à une distance respectable.

«  Je vois, un crime passionnel ou haineux… Pensez vous qu’il n’y avait qu’un seul tueur où il y a la possibilité qu’il y ait plusieurs individus ? En tout cas, c’est pas beau à voir. Quoi que cela puisse être le tueur devait vraiment lui en vouloir... »

Il s’apprêtait à dire quelques choses quand les sanglots d’une femme l’interrompit, il se retourna et semblait désolé pour cette pauvre veuve.

«  Madame Conrad, cela va être difficile mais est ce que vous pouvez confirmer qu’il s’agisse bien de votre mari? »

Greg avait suivi le mouvement et gardait près de lui l’enfant, à la vue du cadavre, il était devenu plus pâle et il avait écarté le petit Alphonse pour ne pas qu’il voit le corps de son père dans un état pareil. Il prenait l'enfant dans ses bras en prenant garde qu'il n'aperçoive pas le cadavre.

«  Madame, je vais vous attendre dehors avec Alphonse. »

Il sortait avec l'enfant, et le posa au sol, il mit ses mains sur ses épaules, il avait les yeux humides et la gorge un peu serrée.

«  Alphonse, tu vas devoir être fort mon petit bonhomme... Ton père est... parti... Il est dans un monde meilleur et il faut que tu saches que même s'il n'est pas là près de toi physiquement, il sera toujours dans ton coeur et il veillera toujours sur toi...  »

Elle pencha la tête sur le côté.
- "Alors c'est ton frère, en tout cas il peut pas te renier."
Elle regarda la nouvelle venue, c'était la passante d'hier soir. Elle avait l'air frustrée, son interrogatoire ne s'était pas bien passé apparemment.
- "C'est pas à cause de toi que j'ai pété une galette." dit-elle à Soren avant de tourner la tête vers la femme qui hier portait des lunettes. "Ça peut aller."


Le légiste se présenta l'air désolé à la veuve en sanglots.
- "Je suis Corey Hooper, enchanté Mrs Conrad."
Il regarda le petit garçon qui se tenait derrière sa mère, il attendit qu' on l'emmène dehors avant de lever solennellement le drap du visage de la victime.


Alphonse ne comprenait pas ce qu'il se passait. On l'avait emmené à la police ce matin. Sa mère avait l'air paniquée et Greg avait beau essayé de faire bonne figure, Alphonse ressentait son stress. Il avait tenté de demander ce qu'il se passait mais on ne lui répondait pas. De plus, quelque chose clochait, son père n'était pas rentré hier et il n'était là ce matin. Ils étaient arrivés dans une pièce en sous-sol, c'était froid et l'atmosphère pesante. Une table trônait au centre et 2 hommes attendaient. Il n'eut pas le temps de voir ce qu'il y avait sur la table que Greg le tira hors de la pièce. Il avait les yeux humides.
- "Alors père est...Il est mort..." Le petit garçon étrangla un sanglot. Des larmes coulaient sur ses petites joues rondes tandis qu'il enfouissait son visage dans l'épaule de Greg.

Comme l’homme à côté d’elle lui parla elle s’approcha pour mieux le voir.
« -Je m’appelle Liz. Et ce qui nous arrive est dingue… Je vois pas pourquoi on aurait tué ce type… Sérieusement… Ils ont besoin de suspect et on était la au mauvais endroit et au mauvais moment. »
Elle s’allonge sur le lit de fortune qu’elle avait a disposition puis ferma les yeux.
« -On vous accuse aussi ? Ou vous restez parce que vous avez fait des conneries ? »
Elle avait dit en pensant faire la conversation, si elle devait rester là autant passer le temps comme on pouvait.

Cathalinda regardait Greg éloigner Alphonse de ça, elle l’en remercia silencieusement. Il était trop jeune pour voir une telle atrocité, surtout s’il s’agissait de son père. Elle reporta ensuite son attention vers l’inspecteur de police.
« -Oui… bien sûr…  je vous suis inspecteur. »
Une fois devant le drap, elle inspira profondément. Elle devait identifier cet homme. Son mari.
Quand le légiste retira le drap elle observa quelque seconde le visage du mort. Elle plaqua sa main sur sa bouche et sanglota de plus belle.
« -Oui … C’est… C’est bien mon mari... » Elle ne pouvait le regarder une seconde de plus, elle détourna le regard. Cette vision lui donnait la nausée. Elle parvient à articuler entre deux sanglots :
« -Dites-moi… est-ce qu’il a souffert ?... »
Elle regarda à présent le légiste dans les yeux attendant une réponse de la part de celui-ci.

«  Oui c’est mon frère, il est prétentieux et c’est un bloc de glace, mais il me sauve souvent la mise à cause de nos liens du sang. D’ailleurs, comment ça se fait que tu le connaisses ? Tu étais patiente ? »

Soren croisait les bras et il haussa les épaules

«  Je me doute bien, je ne fais pas vomir ces dames, c’est plus drôle de voir les choses sous cet angle je trouve. Il se tourna vers la nouvelle arrivée, c’est sur que c’est pas vraiment la meilleure chose qui me soit arrivé. Eh bien oui au début je pensais que c’était parce que j’étais bourré dans la rue mais finalement c’était à cause de ce qu’il s’était passé la veille, j’aurais préféré être accusé de la première option. Visiblement on est censé être un trio de meurtrier sauf qu’on est sûr d’une chose c’est qu’aucun de nous la tué, sauf que le tueur est gaucher et que Eleonore l’a lâché ce qui a achevé notre homme. D’ailleurs elle l’a lâché quand j’ai dis son nom, il se tourna vers la jeune guitariste, tu le connaissais alors ? Me réponds pas, c’est probablement quelques choses dont tu ne veux pas parler, de toute façon, tu n’es pas la coupable, tu es droitière de toute manière vu comment tu tenais ta guitare. »

L’inspecteur se sentait presque mal pour cette famille. Il tentait d’être réconfortant envers cette femme.

«  Je sais que c’est difficile, nous allons devoir vous poser quelques questions. Est ce que vous avez des idées de qui aurait pu vouloir du mal à votre mari ? »

La question le décontenançait un peu, c’était une question un peu particulière mais si elle voulait sûrement se rassurer en se disant qu’il était mort rapidement sans douleur.

Greg avait la sensation à cet instant que sa cage thoracique était beaucoup trop étroite tant son coeur allait exploser. Il serra l’enfant contre lui en frottant son dos étroit. Il souleva l’enfant pour le garder contre lui.

- "Il s'occupe de ma sœur, elle est à l'hôpital Saint-Mary."
Eléonore observait Soren, une fois lancer on l'arrêtait plus celui-là. C'était une loque la veille et pourtant il exposait la scène avec plus de détails qu'elle-même se souvenait. Elle le foudroya du regard lorsqu'il évoqua le fait qu'elle connaissait l'autre.
- "T'es bien le seul aujourd'hui à me sortir que je suis pas coupable. De toute façon, on est tous plus ou moins dans le même merdier. Ils vont s'obstiner tant qu'ils auront pas la preuve par A+B que c'est pas nous et encore."
Elle enroulait ses cheveux autour de son index.

Hooper ne savait pas trop quoi dire, étant donné toutes ses blessures oui, il avait souffert, mais comment en parler à la femme de ce pauvre homme. Il recouvra le visage du drap.
- "Écoutez, je suis vraiment désolé mais je vais être franc : oui, il a souffert. La personne qui a fait ça avait de toute évidence un ressentiment pour votre mari."
Réconforté les gens n'était pas vraiment son fort. Il était mal à l'aise avec les familles et ne savait jamais comment gérer les effusions de larmes. Il la raccompagna jusque la porte avec l'inspecteur. On entendait les pleurs du petit garçon.

Alphonse était inconsolable. Lorsqu'il vit sa mère sortir de cette pièce, il tendit les bras vers elle.
- "Mère est-ce que c'est vrai ?...Dites-moi que c'est pas vrai...C'est pas possible..."
Il pleura de plus belle.

Liz écoutait patiemment la conversation de ses deux… compères. Après tout moins elle s’implique mieux c’est. Mais si elle devait rester là elle ne pourrait pas les ignorer longtemps. Surtout que l’homme avait l’air de parler assez facilement et de tout.
« -Un trio de meurtriers ? Je sais pas pour vous mais je suis incapable de tuer. »
Elle préféra ne pas s’étaler en matière de conversation, de toute manière ce n’était pas son fort. Elle préféra  penser qu’elle serait chez mieux chez elle ou encore même au boulot plutôt qu’ici et soupçonnée de meurtre. Mais elle n’était pas maître de son destin et ça, ça l’emmerder plutôt que l’aider.

Difficile ?… C’est un euphémisme. En plus que maintenant on lui apprenait qu’il avait souffert. Ça allait être une épreuve. Surtout quand elle vit son fils pleurer.  Elle le pris dans ses bras et le consola du mieux qu’elle pouvait.
« -Je suis désolée mon chéri… C’est la vérité… Ton père est mort... »
Elle regarda Greg qui avait lui aussi les larmes aux yeux, il avait pleuré. Elle étreignait son fils de toutes ses forces, le voir pleurer était insupportable. Son fils était tout pour elle et le voir ainsi la rendait malade. Elle s’éloigna et sécha quelques larmes d’Alphonse.
« -Tu vas rester avec Greg, le temps que… que je réponde à quelques question pour aider à arrêter la meurtrière… D’accord ? »
Elle regarda Greg avec compassion.
« -Tu pourrais faire ça ?… Je sais que ça fait beaucoup pour toi... Mais j’aurais vraiment besoin de quelqu’un de confiance en ce moment… Je ne peux pas laisser Alphonse seul dans un moment pareil… Surtout que maintenant il n’a plus son père. »
Elle suivit l’officier pour pouvoir répondre à sa question. Elle sécha le reste de ses larmes et respira profondément.
« -Mon mari est… était un homme d’affaire inffluant. Donc il avait beaucoup d’ennemis. Je ne pourrais pas vous dire de qu’ils s’agit. Des concurrent, des gens jaloux, ça se compte par dizaine… Son poste est très convoité vous savez. »

Soren semblait réfléchir, il fit les cent pas dans la cellule, il était concentré sur ses souvenirs.

« Le monde est petit décidément, eh bien oui c’est lui, il travaille là-bas. Ils sont idiots et on est parfait pour le rôle, ils se moquent de nos arguments ! Moi je suis pas un tueur, je suis un connard et beaucoup d’autres choses mais je suis pas un tueur ! Réfléchissons, vu qu’apparemment, on est entouré d’idiot, il va sûrement falloir prouver nous même notre innocence. Là je vous le dis, nous sommes coupable à leur yeux. Ils ont 72h, ils n’auront aucune preuve parce que nous ne sommes pas des tueurs et ils devront nous relâcher, mais ça ne veut pas forcément dire qu’on va nous lâcher la grappe.»

Il souffla une nouvelle fois, ça l’excédait de voir des gens aussi incompétent, il aurait surement fait un meilleur flic que ces crétins qui n’étaient même pas capable de voir l’évidence sous leur yeux.

Greg avait répondu positivement à la femme, bien entendu qu’il n’allait pas laisser ce pauvre enfant seul. Il le gardait contre lui et il lui acheta une friandise chocolatée au distributeur le plus proche, c’était une bien maigre consolation pour la perte qu’il avait subi mais au moins ça lui ferait un peu de bien. Il s’asseyait sur une chaise du couloir, le gardant sur ses jambes, il lui caressait les cheveux.

«  Ca va aller … Je sais que c’est dur mais tu dois tenir le coup Alphonse… Tiens, mange ce chocolat, ça te fera un peu de bien. »

Il avait du mal à cacher ses yeux larmoyants, voir un enfant aussi triste par la mort de son propre père, il en était très affecté. Il ne savait pas comment consoler l’enfant si ce n’est en caresse et mots réconfortants.

Lawrence partait avec la femme dans une salle d’interrogatoire, il ne releva pas ce lapsus étrange, il le nota dans un coin de la tête, elle remontait dans la liste des potentiels suspects. Il s’installait et allait même donner un verre d’eau à la femme. Il s’éclaircissait la voix avant de commencer.

« Je conçois, et vous pensez que sa mort profiterait à qui particulièrement ? Je ne connais pas le testament de votre époux mais à qui reviendrait sa fortune ? Il avait plusieurs ennemis donc selon vous… Ce n’est pas très étonnant pour un homme aussi encré dans la société. Je vais vous poser plusieurs questions vous êtes libre d’y répondre ou non, certaines peuvent paraître outrancière au vue de la tragédie qui vous accable mais c’est la procédure qui veut ça. Il marqua une pause, il regardait Cathalinda fixement pour déceler d’éventuels tics de menteurs, Que faisiez vous hier soir et où étiez vous précisément entre minuit et une heure du matin ? »

Eléonore entortillait ses cheveux entre ses doigts. Elle réfléchissait à ce que Soren venait de dire.
- "Il leur faut bien des coupables et le hasard leur en a offert sur un plateau. Ajoutons à ça le fait qu'on ait pas la meilleure défense du monde avec des flics bornés et voilà le travail, une belle brochette de coupables." Elle claqua sa langue sur son palais. "Ça fait chier."
Elle soupira. "J'ai tellement besoin d'une clope..."


Alphonse commençait à se calmer. Des larmes coulaient toujours sur ses joues et il continuait de sangloter. Il mangeait sa barre de chocolat sur les genoux de Greg qui tentait tant bien que mal de le réconforter.
- "Greg...pourquoi quelqu'un voudrait du mal à père ?" Il hoqueta et essuya son visage couvert de larmes de sa manche. "Père est gentil...il travaille beaucoup mais il est là quand il peut..." Il renifla et mangea du chocolat pour se donner du courage. "Pourquoi des méchants lui ont fait du mal ?" Les yeux larmoyants il fixait Greg. Il essayait de comprendre mais il n'avait que 5 ans et le monde des adultes était bien plus complexe qu'il n'aurait pu l'imaginer.

Liz écoutait sans vraiment le faire elle était claquée, complètement. Elle n’avait pas dormi de la nuit et les personnes discutant à côté d’elle ne l’aidait absolument pas. Elle voulait rejoindre les bras de Morphée mais c'était peine perdue. Donc elle se montra plutôt consciliante vers ses camarades de cellule et tenta de rassurer la guitariste.
« -Ils ont pas de preuves qu’on ait fait quoi que soit. On l’a juste aidé et il est mort, point. On a pas à culpabiliser. Ils peuvent pas nous garder. Au pire on sera sous surveillance mais comme j’ai rien à me reprocher ça me dérange pas. Au contraire. Si y a un tueur qui se promène je serais bien contente que les flics me garde à l’œil. »
Elle regarda le plafond depuis son lit. Journée de merde… se dit-elle.

Cathalinda écoutait attentivement ce que lui disait le policier, après tout comme il l’a si bien dit c’est la procédure. Elle n’y échappera pas.
« -Je ne pourrais vous dire à qui cela profiterait. Je n’en ai aucune idée, je ne peux pas vous avancer plus sur ce sujet, désolée. Elle bu le verre d’eau, elle en avait bien besoin. Pour le testament en revanche je peux vous en parler. Je l’avais fait avec lui et nous nous étions mis d’accord. D’après celui-ci Alphonse héritera de l’entreprise à ses 21 ans. En attendant je prends le poste de feu mon mari en plus de mon travail actuel d’avocate dans cette même entreprise. Je récupère toutes ses responsabilités et la dose conséquente de travail les accompagnant. Elle omet bien évidemment de dire qu’elle récupère toute les parts de l’entreprise et donc la somme monumentale que cela représente. Elle s’hydrata une nouvelle fois. Hier soir mon mari m’avait téléphoné pour me dire qu’il avait réservé une table dans un restaurant ou nous allions régulièrement. Comme il travaille beaucoup il avait réservé très tard, aux alentours de 23h. Mais avant j’étais en compagnie de mon fils Alphonse et de Greg, l’homme que vous avez vu. Quand l’heure approchait de 22h30, je suis partie au restaurant, enfin mon chauffeur m’y a amenée, pour attendre mon mari. Il y avait pleins de clients et même le chef du restaurant, j’ai discuté avec lui. Il pourra vous dire que j’ai longtemps attendu d’ailleurs.  »

Soren rouspétait, la seule chose qui illuminait cette belle journée de merde était le plaisir de penser à quel point le flic qui l’avait appelé Mary devait dégusté à cause de son nez. Il s’étira et disait.

«  Ils trouveront rien, je me fais pas vraiment de soucis pour ça mais ça m’emmerde pas mal quand même. Sauf s’ils ont vraiment besoin de coupable, ils peuvent très bien faire parler leur maigres preuves comme ça leur chante. Ils savent pas réfléchir alors on peut s’attendre au pire. J’attends d’être lavé entièrement de tout soupçons officiellement avant de me réjouir. »

Greg se sentait très mal pour le petit, il caressait sa chevelure sombre, il ne savait pas comment remonter le moral du petit.

«  Tu sais, parfois, les adultes font des choses vraiment très méchantes, des fois ils sont très en colère et ils ne se contrôlent pas. Mais ne t’inquiètes pas, la police arrivera à retrouver le coupable et il payera pour ce qu’il a fait. »

Il sortait un mouchoir pour essuyer les yeux du petit et qu’il se mouche. Il frottait son petit dos pour qu’il calme ses pleurs.

Lawrence écoutait la moindre de ses paroles et retranscrivait à l’écrit ce qu’elle lui disait. Il trouvait qu’elle buvait beaucoup d’eau entre chacune de ses phrases, un signe de culpabilité ou de stress ? Son alibi était très solide mais il n’écartait pas l’idée qu’elle puisse être la coupable sans être la main tenant l’arme, après tout elle était fortunée.

«  Je me renseignerais auprès des témoins, et comment les choses passaient dans votre couple avant sa mort ? Est ce que vous avez noté ces derniers temps un changement de comportement chez lui ? »

Eléonore gardait les yeux fixés sur le mur de sa cellule. Une autre journée bien pourrie s'annonçait. Une migraine pointait le bout de son nez et, malgré la fatigue, il était évident qu'elle ne trouverait pas le sommeil. Aucun d'eux n'avaient fait quoi que ce soit mais les flics pensaient le contraire.
- "Pour eux on a été pris la main dans le sac. On a tous plus ou moins l'air coupable en plus d'un mobile qu'ils sortiront de je ne sais où. S'ils s'acharnent sur nous c'est parce qu'ils ont personne d'autre et ça ferait tâche pour eux de pas trouver le meurtrier d'un mec aussi influent. Je me demande juste ce que le gars qui les appeler à bien pu leur dire. Ils l'ont pas interroger lui il me semble, à croire qu'il est même pas suspecter."


Alphonse se moucha bruyamment.
- "Pourquoi ils veulent parler à mère ? Ils emmènent pas les méchants normalement ?"

Liz regardait Soren à présent.
« -Je me réjouis pas. Je sais juste que j’ai rien fait donc pour moi c’est logique que je sois innocente. Je conçois bien qu’ils ont le QI d’un caillou mais ça c’est pas ma faute non plus. Ils savent pas faire leur job correctement. Dans le pire des cas on se retrouvera encore ici à dire que c’est pas nous. »
Elle écoutait ce que disait la guitariste.
« -Ce mec était pas aussi influant à l’époque. Il a réussi, même si c’est un con, à bâtir une immense entreprise à partir de rien. Qu’importe ce qu’on fait ou dit on est pris pour des suspects tant qu’ils n’auront pas la preuve noir sur blanc qu’on a rien fait, on doit juste attendre et espérer. Parce que là c’est même plus de l’attente. S’ils veulent ils doivent bien tous pouvoir nous coffrer pour des raisons X ou Y. »
Même elle ne croyait plus qu’il était possible à présent qu’ils s’en sortent indemne.

Cathalinda bu encore. Elle n’en pouvait déjà plus de ses questions. Mais elle devait tenir bon.
« -Tout se passait pour le mieux. Yann avait même réussi à avoir un peu de temps pour pouvoir s’occuper de notre fils. Il n’a pas réellement était présent pour lui et il voulait rattraper le temps perdu. À par ça je ne vois pas de changement notable. » Elle fini d’une traite le verre d’eau. Elle ne pourrait plus combler le temps de réflexion maintenant.

Soren soufflait de nouveau, il allait pas tarder à pouvoir passer son appel, ils devaient être entrain de lui préparer une jolie amende, pour encaisser, ces branleurs étaient là mais quand il fallait réfléchir et faire sérieusement son boulot y avait plus personne !

«  C’est ça le problème. Pour eux on est déjà coupable. Ce mec était marié, il avait une belle bague au doigt, normalement dans la plupart des cas c’est l’épouse ou l’époux le coupable. Je sais pas s’ils ont parler à celui qui nous a dénoncé mais apparemment, il a dû leur dire plein de truc sur nous puis si ça se trouve c’est peut être même le meurtrier ? Je ne l’ai pas vu, c’est une inconnu dans l’équation et c’est plutôt embêtant. Là vu comment c’est parti, c’est mauvais pour nous. Ils veulent pas nous croire et à mon avis, il faudra pas s’étonner qu’ils trouvent des preuves de notre culpabilité, cette affaire pu le piège et on est en plein dans la toile d’araignée. »

Greg semblait navré, il se grattait la tête et bafouilla :

«  Ce n’est pas parce qu’elle est coupable mais ils doivent l’interroger pour savoir ce qu’il s’est passé. Ils peuvent savoir pourquoi ton père était là à cet endroit, enfin ce genre de chose... »

Le flic notait ces dernières phrases, il semblait pensif, il ouvrait alors le dossier devant lui :

«  En somme, tout allait pour le mieux, il ne semblait pas craindre pour sa vie ou de grand changement de comportement… Je vais vous montrer quelques personnes, vous allez me dire parmi elles, qui vous reconnaissez ou connaissez. »

Il sortait plusieurs photos, certaines étant des gens complètement étranger à l’affaire et dans ce tas de personne, il y avait la photo de Soren, d’Elizabeth et Éleonore.

Eléonore resta silencieuse, perdue dans ses pensées. Un piège. Ça ressemblait à un scénario de thriller. Elle se remit à entortiller ses cheveux. Plus elle y pensait plus cette idée lui apparaissait plausible. Le coupable pouvait être tout aussi influent et avoir orchestrer tout ça pour ne pas être découvert. Et merde comme si c'était pas suffisant d'être accuser d'un meurtre fallait en plus qu'elle soit prise dans un complot. Alors qu'elle avait tout fait pour l'oublier, il l'aura fait chier jusqu'au bout celui-là ! De toutes les rues de Londres il a fallu qu'il crève juste à côté d'elle.
- "Hum." Quel connard influent aurait pu en vouloir à CE connard influent ?...Elle se massa les tempes, plus elle réfléchissait plus sa migraine s'intensifia.
- "S'il était marié je me souviens de cette connasse rousse avec qui il sortait avant. Ça reste une supposition avec beaucoup de si mais si on parle d'un complot elle est assez tordue pour imaginer un truc pareil. Et puis elle était pétée de tune alors question influence y a pas mieux. Après ça reste s'il était marié à cette pouffiasse et si on s'est réellement fait couillonné."


- "Alors mère les aide à trouver le méchant ?"
Alphonse essayait de trouver des réponses, son esprit était bien trop juvénile pour appréhender clairement la situation. Il rassemblait tout de même tout ce qu'il avait pu voir et tentait du haut de ses 5 ans de comprendre. Il sembla soudain de se souvenir de quelque chose.
-"Greg ! Mère va les aider, elle sait que c'est une madame qui a fait ça, elle l'a dit."

Il avait une alliance donc il était bien marié même elle, elle le savait puisqu’il la portait déjà quand Liz était avec lui.
« -Oui il était marié depuis longtemps et j’en sais quelque chose. Sa femme peut avoir de l’influence si elle aussi à un pied dans le milieu de son mari ce qui ne l’exclu absolument pas des suspects, au contraire. Dans 90 % des cas c’est l’époux qui fait le coup et encore plus s’il y a une récompense à la clef. Mais dans tout les cas j’ignore qui c’est et je ne veux en aucun cas la rencontrer, mieux vaut pour moi. »

Cathalinda regardait les photos avec attention. Elle reconnut directement l’ homme ave un bouc ainsi que l’une des femmes.
« -Lui, dit-elle en pointant la photo, je le connais. Soren. Je l’ai connue y a quelques années. Il m’a fait des avances que j’ai bien évidemment refusé. J’étais heureuse avec mon mari. Et ça l’a mis dans une colère noire. Il pensait que notre ‘relation’ était plus qu’amicale mais ça à été à sens unique. Je ne ressentais rien pour lui. Son regard se dirigea de suite vers la femme à lunettes. Elizabeth. Elle s’appelle Elizabeth. Mon mari m’a trompée avec elle, il y a 5 ans. Il l’a quitté quand il appris que j’étais enceinte d’Alphonse. Il a eu l’honnêteté de me l’avouer mais cette fille… l’a menacée de tout dévoiler au média. Elle l’a très mal pris qu’il m’ait choisi plutôt qu’elle. Elle regarda ensuite une troisième personne, une femme aux cheveux blonds. Au fond d’elle, elle avait l’impression de la connaître. Mais d’où ? J’ai… l’impression de l’avoir déjà vu. Mais je ne pourrais vous dire où. Je la connais, j’en suis sûre… »

Soren s’était assis sur sa couchette avant de s’allonger dessus. Il était gavé de cette situation.

«  S’il est marié à une connasse plein de fric qui a voulu se débarrasser de lui, elle a toutes les raisons de vouloir sa mort ! … Il s’arrêta lorsque Liz parlait, il haussa un sourcil, Tu en sais quelques choses ? Ne me dis pas que tu étais son amante ? Je suis le seul à ne pas connaître la victime ? Le monde est vraiment petit, ça va leur donner deux fois plus de raison de nous accuser. »

Greg hocha la tête.

«  Oui elle aide les policiers comme elle le peu la pauvre… Il fut perturbé parce que le petit disait, il n’avait même pas remarqué qu’elle avait fourché de la langue et il ne comprenait pas ce qu’il disait, comment ça elle sait que c’est une dame ? »

Il ne se rappelait pas et ne l’avait pas relever quand elle avait fait ce lapsus plus que révélateur.

Il regardait les photos qu’elle avait choisis, ce n’était pas anodin, elle avait reconnu les principaux suspects qu’ils avaient. Il n’en disait rien et récupéra les photos. 

«  Vous êtes certaines ? Très bien. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps alors. Je vous remercie et je suis désolé d’avoir dû vous demander tout ça alors que vous êtes encore en état de choc... »

Il se levait pour la raccompagner. Il récupérait le verre d’eau contenant les empruntes de la belle Cathalinda.

Eléonore leva les yeux au ciel en écoutant Liz parler. "Toujours aussi fidèle à ce que je vois." ironisa-t-elle pour elle-même.
- "On a un mobile s'il trompait sa femme, que ce soit pour toi ou pour elle." dit-elle en regardant Liz. "Y avait combien chance qu'en plus de le retrouver crevé on le connaisse ? Tu parles d'une coïncidence, déjà qu'ils nous croient pas, c'est pas avec leur QI d'huitre qu'ils vont comprendre ça."
Elle soupira longuement.


Alphonse pencha la tête sur le côté.
- "Mais si Greg mère l'a dit ! Tu l'as pas entendu ?" Il s'agitait sur les genoux du jeune homme. "Elle a dit "la meurtrière". Ça veut dire que c'est une madame. Mère va surement leur dire comme ça ils vont pouvoir retrouver la méchante."
Le petit garçon était persuadé que sa mère avait raison mais ne semblait pas se préoccuper de la manière dont elle aurait pu le savoir.

Liz en profita pour s’asseoir sur sa couchette afin de faire face à ce fameux Soren.
« -Oui, j’ai été son amante. Et croyez-moi je n’en suis pas fière. Mais ce type était plutôt pas mal, jusqu’à ce que j’apprenne qu’il était marié. Depuis ce temps je n’ai plus entendu parler de lui. Je crois en effet Mr Jefferson que cela va leur donner deux fois plus de raison de nous accuser et surtout moi mais encore une fois je n’ai rien à me reprocher. »
Elle regarda à présent Éléonore.
« -Comment ça infidèle ? Ce n’était pas la première fois qu’il la trompait ? Le salaud… à moi aussi il m’a fait ce coup… Ça fait trop de preuves contre moi, un très bon mobile, je connaissais la victime et j'avais du sang sur moi... je sortirais jamais d’ici avec tout ça... »


Cathalinda regardait le policier.
« -J’en suis certaine. Je connais ces 3 personnes et vu ce qu’elles ont envers mon mari ils se pourrait bien que se soit eux qui lui ai fait ça. C’est ignoble de faire ça par vengeance…. »
Elle sort de la salle et s’empressa de prendre son fils dans ses bras et de lui caresser les cheveux.
« -Je suis de retour, ne t’en fais pas mon cœur. Tout est fini… Je suis là. Elle laissa un moment de latence afin de profiter de cette étreinte. On trouvera qui a fait ça et il payera pour ça, la police s’en chargera. Greg s’est bien occupé de toi pendant que je parlais au policier ? »

Soren passait ses mains sur son visage en poussant un gémissement d’exaspération.

«  Il trompait sa femme, sa femme l’apprends et veut lui faire payer, elle est blindée de thune et elle le fait assassiné, c’était prémédité, elle doit sûrement avoir un alibi solide, pour être sûre de ne pas être inculpé… Pas de soucis Liz, tu es aussi innocente que nous. Par contre pas la peine de me vouvoyer, ça me va pas bien. Donc on reprends, je pense que la seule chose que cette épouse n'avait pas prévu c'est trois crétins qui ont essayé de le sauver. Elle va en profiter pour nous accuser et en plus sur nous trois, vous êtes deux à le connaître, c'est juste trop beau pour être vrai pour notre meurtrière.»

Greg se grattait la tête, il essayait de se souvenir mais rien à faire, il ne revoyait pas le moment où elle avait dit ça.

«  Je te crois mais je ne vois pas comment elle aurait pu le savoir, tu sais Alphonse, je pense qu’elle a dit ça sans faire attention, elle était sous le choc, elle a juste fourché de la langue mais peut être que tu as raison, je ne sais pas… »

Greg laissa la mère prendre l’enfant sans rien dire. Pour l’instant, il restait un peu en retrait, cette petite famille avait besoin d’être seul pour pleurer et faire le deuil de Monsieur Conrad.

Le policier la laissa partir vers son enfant sans répondre à ce qu’elle disait, il réfléchissait concernant l’affaire, il allait voir le médecin légiste pour voir s’il avait approfondi sa dissection.

Eléonore se leva, elle avait mal au dos à rester assise par terre. Elle remit ses cheveux en arrière.
- "Pouffiasse comme elle doit être elle aura aucun scrupule à nous enfoncer surtout si elle est au courant des infidélités de son homme. On est bien plus que ce qu'elle aurait pu espérer." Elle passa les mains sur son visage l'air exaspéré.
- "Mais pourquoi je me suis arrêtée là pour jouer de la guitare, moi ?"


Lorsqu'il vit sa mère, Alphonse se jeta dans ses bras.
- "Oui, il m'a donné du chocolat."
Réfléchir à tout ça l'avait aidé à apaiser son chagrin, mais voir sa mère avait déclenché une nouvelle crise de larmes. Il regarda sa mère.
- "Vous avez aidé les monsieurs, mère ? Ils doivent retrouver la méchante, elle avait pas le droit de faire ça." Il se blottit dans ses bras. "Elle avait pas le droit."

Liz semblait abbatue, elle était la suspecte idéale pour cette affaire. Sans alibi (l'homme en question allait certainement refuser de témoigner pour protéger son mariage...) et sans aide extérieure elle va plonger pour quelque chose qu'elle n'a pas fait.
"-Je connais pas sa femme! A part coucher avec son homme je lui ai rien fait! Et puis si ça se trouve elle aussi à trompé son mari! Et elle a eu un enfant avec un autre lui faisant croire que c'était le siens! Qu'est-ce que j'en sais de sa vie! Si c'est une connasse je vois pas en quoi elle aurait le droit de nous faire ça! Elle est riche et elle a à présent hérité de la fortune de son mari! Nous on trime pour payer nos loyers! Ça me dégoutte qu'elle puisse nous faire un coup pareil..."

Cathalinda gardait son fils près d'elle. Quand il dit 'la méchante' elle tiqua.
"-Pourquoi tu dis 'la méchante' mon chéri? On ne sait pas si c'est un homme ou une femme qui a... fait du mal à ton père... laissons la police faire son travail on doit plus les gêner qu'autre chose en restant ici..."

Soren rouspétait

«  J’ai déjà fais de la prison, ça me dit rien d’y retourner. Et c’était juste  6 mois pour avoir casser la gueule d’un connard. J’ai pas envie de passer le reste de ma vie en taule. Il va falloir qu’on se serve de notre matière grise. C’est pas le moment d’insulter cette hypothétique salope et de s’apitoyer sur notre sort. Bon, il va falloir en apprendre plus. Dites moi tout ce que vous avez vu hier soir. Le moindre détail est important. J’ai beaucoup de chose en tête mais j’étais bourré alors j’ai vu que ce que mes yeux ont bien voulu regarder. »

Le gigolo était bien décidé à faire avancer les choses, il était hors de question d’être accusé de meurtre et il le sentait venir qu’ils étaient dans la pire affaire de meurtre qu’il était possible d’imaginer.

Greg les laissait en famille, il restait assis, ils en avaient besoin. Il préféra prendre un peu l'air pour se changer les idées, restant dehors au pied du New Scotland Yard.

Lawrence revenait voir le légiste après avoir donner les nouveaux éléments aux policiers afin qu'ils puissent passer de nouveaux interrogatoires, il toussota pour attirer son attention et s’éclaircir la voix.

«  Hm hm, nous avons de nouveaux éléments à l’enquête mais j’ai quelques éléments que je trouve louche, j’espère que vous avez trouver de nouveaux indices sur le corps ou d’autres choses intéressantes ? »

Eléonore regardait Soren pensive. C'était pas bête mais en même temps à quoi ça leur servirait d'essayer de résoudre l'enquête dans leur coin ? La situation resterait la même, tant que les flics étaient persuadés de leur culpabilité ils resteraient là. Non ? Mais c'est vrai que dans un sens il n'avait pas tort.
- "Si on veut que les choses soient bien faites autant les faire soi-même c'est ça ? Je suis déjà dans la merde j'ai pas grand chose à perdre de toute manière." Elle s'assit en tailleur sur sa banquette et ferma les yeux pour se repasser la nuit dernière tout en faisant abstraction de sa migraine grandissante.
- "Ce que je me souviens d'hier soir." Elle tenta de se souvenir du mieux qu'elle pouvait. "J'étais sur le chemin pour rentrer chez moi mais j'ai décidé de jouer de la guitare pour me changer les idées après une belle journée bien pourrie. Si j'avais su que cet endroit de quiétude allait me foutre dans cette merde j'aurais continué de cloper jusque chez moi. J'ai du joué pendant une dizaine de minutes puis je vous ai vu passé tous les 2. Là y eu un cri, j'ai levé la tête et j'ai vu une silhouette sortir de la ruelle. J'ai suivi Liz jusque dans la ruelle et on a trouvé le gars qui pissait le sang. La suite on l'a connait tous." Elle fit une pause fouillant dans ses souvenirs pour trouver la moindre chose qui pourrait servir, un seul petit détail...réfléchit Léo...
- "Maintenant que j'y pense, la silhouette, c'était quelqu'un de plutôt grand et imposant. Il avait une espèce de grand manteau et un truc qui lui couvrait le visage. Il a caché quelque chose dans son manteau, c'était un machin long, je crois."
Elle se gratta le menton.


Hooper n'était pas sorti de la morgue depuis le départ de l'inspecteur et de la famille. Il avait entreprit les examens approfondis et s'il pouvait dire quelque chose c'est que ce cher monsieur avait beaucoup à dire. En particulier, ce petit détail qu'il venait de découvrir qui le fit sourire. Il leva la tête de son ordinateur lorsqu'il entendit l'inspecteur Harper.
- "Eh bien j'ai eu le temps de regarder quelques petites choses, notamment la taille des équimoses. La victime a reçu des coups et les traces laissées portent à croire que l'agresseur était corpulent, les traces de poings sont plus grands que les miens. Je ne suis pas très grand mais je peux dire que le coupable fait plus de 1m70  à moins qu'il ait des mains démeusurées, ce qui serait assez ridicule. J'ai eu les résultats des particules prélevées sous ses ongles et ils s'avèrent que ce sont des morceaux de cuir. Le coupable a pris ses précautions en portant des gants. Ah et en parlant de détails louches j'ai découvert quelque chose d'assez intéressant : notre victime était atteinte d'azoospermie." Il fit une pause, l'air amusé, et repris en voyant la mine interrogatrice de l'inspecteur. "L'azoospermie est une malformation des canaux déférents des testicules provoquant un sperme dénué de spermatozoïdes. Cette maladie peut avoir de multiples causes mais, chez monsieur, cela semble être de naissance. Fait encore plus intéressant rien n'était marqué dans son dossier médical, il a pourtant fait des tests il y a quelques années. Quel âge a leur fils déjà ?"
Il finit son exposé avec un sourire satisfait.


Alphonse regarda sa mère l'air interrogatif.
- "Mais, mère, c'est vous  qui l'avez dit. Vous avez dit "la meurtrière", ça veut dire que c'est une madame, non ?".

Liz se redressa et s’appuya contre les barreaux proche de l’homme.
« -Il est aussi hors de question pour moi de croupir en prison, j’ai d’autres choses de prévu. Et je veux pas perdre mon boulot. Même si je crois que pour ça c’est déjà trop tard… Elle sourit à Soren. Ce que tes yeux ont voulu regarder, hein ? J’espère que c’était ce type agonisant au lieu de me reluquer. Ça nous aiderait beaucoup en tout cas… Mais après tout je ne peux pas t’en vouloir, tu étais complètement HS hier soir, c’est dingue que tu puisses te souvenir de se qui c’est passé. Tu dois avoir une bonne mémoire photographique. Pour hier je sortais du boulot quand je t’ai vu en premier puis j’ai entendu de la guitare, Éléonore, avant d’entendre un cri et quand je suis arrivé une ombre partait, rien d’autre j’étais trop accaparée par le sang qui sortait de sa gorge et j’ai dit à Éléonore que le type, Yann Conrad donc, était en vie. Elle a pressé la plaie béante pendant que tu lui ramenais sa guitare et que je tentais de joindre les secours. Puis elle a lâché, je sais pas trop pourquoi, tu as pris le relais mais comme tu contrôlais pas vraiment ce que tu faisais j’ai maintenu la pression mais il avait déjà plus de pouls. Je crois que j’ai fait le tour.  »

Cathalinda plaça ses mains sur les épaules de son fils.
« - Alphonse… Je… je savais pas ce que je disais. Je suis encore sous le choc de se qui est arrivé à ton père… Je… Désolée si j’ai dit quelque chose qui n’est pas vrai. J’ai beaucoup… de mal à me remettre de ça. J’ai dit ça sans vraiment le penser. Ça peut tout aussi bien être un monsieur qu’une madame qui a fait ça… Je voulais dire le meurtrier, ou la personne qui a fait ça… Tu comprends? Elle laissa un blanc le temps de déglutir. On ferait mieux de rentrer, tu dois être fatigué à force de pleurer. Greg doit certainement nous attendre dehors, il va attraper froid si on ne va pas le rejoindre, tu viens ?  »
Elle lui tend sa main avec un sourire qui se veut réconfortant.

Il se mit assis sur la couchette en tailleur, les coudes s’appuyant sur ses jambes et les mains jouintes au niveau de son visage. Il était très attentif à ce qu’elle disait.

«  Une silhouette. C’est sans aucun doute le meurtrier, plus d’1m70 et plutôt large d’épaule donc ? C’est probablement un homme, il avait un manteau long, donc tu n’as pas pu voir clairement ses hanches, on aurait été fixé sur son sexe. Hmmmm… Un machin long ? Tu as vu à quoi pouvait ressembler ce machin long ? C’est peut être l’arme du crime, il a été tué au couteau. C’est peut être un meurtre commandité mais pourquoi avoir utilisé une arme blanche plutôt qu’une arme à feu ? Le tueur connaissait aussi la victime et lui en voulait. C’est vrai, une arme à feu c’est très impersonnel, c’est facile à retracer. Donc notre homme est pas si bête et particulièrement haineux envers la victime… C’est peut être un amant de la dame ? Il souriait un peu aux mots de Liz, Ha ha , peut être que je vous ai reluqué ou pas, je garde pour moi ce que j’ai pu voir, disons que j’ai toujours été quelques peu surdoué, c’est un fait intéressant c’est que c’est de famille. Mon frère est tout aussi doué voir plus, en tout cas, il utilise ses dons mieux que moi… Revenons à nos moutons, vous vous souvenez d’autres trucs ? Un petit détail sur la victime, ou je ne sais quoi. En tout cas, ce n’était pas une agression pour son argent, son porte-feuille était par terre, encore bien rempli et il avait encore sa belle alliance. »

Lawrence recevait toutes ses informations et les prenait en note

«  Donc le tueur est grand, sur nos trois suspects, il n’y a donc que l’homme qui aurait pu tenir l’arme… Il était saoul hier soir, comment aurait-il pu le tuer sans se blesser lui même ou du moins sans se faire rétamer par la victime ? A moins qu’il tenait l’arme avec l’aide de deux complices ? Ca me paraît irréaliste… Aucun d’eux ne portait de gants, on a retrouvé leurs empreintes partout sur la victime… Il tiqua lorsqu’il parlait de cette malformation. Leur fils… Il a 5 ans. Ca remontait à lorsqu’il trompait sa femme. Il semblerait que Madame Conrad ne m’a pas dit toute la vérité, elle n’a pas été très fidèle on dirait. Mais comment expliqué que les médecins n’aient rien vu ? Si c’est de naissance, il était déjà stérile à cet instant… Je dois procéder à un deuxième interrogatoire. »

Il demanda à un policier dans le couloir d’aller retenir madame Conrad pour un second interrogatoire.

Le flic en question alla de suite à la rencontre de la femme pour lui demander de la suivre, suite à de nouveaux éléments elle devait être réinterrogée.

Eléonore se gratta la tête, elle fit la moue tandis qu'elle réfléchissait.
- "Je peux rien te dire de plus au sujet d'hier soir, je t'ai dit tout ce dont je me souviens. Après je pense pas que ce soit une femme ou alors elle est assez corpulente, le genre de gonzesse pas très désirable à qui tu cherche pas des noises. S'il a été tué au couteau ça ressemble à un crime passionnel et l'hypothèse de l'amant de madame est plausible." Elle eut un rire sarcastique. "Tu parles d'un couple, ça se marie et ça va coucher à droite à gauche. Et puis après ça se fait passer pour un couple modèle." Elle posa son menton dans ses mains, les coudes appuyés sur les jambes.


Hooper se gratta l'arrière de la tête.
- "Ah ça, c'est à vous de gérer ce genres choses, je suis juste là pour faire parler la victime mais au vu de ce que vous me dites il faudrait peut être envisagé que le coupable ne fait pas partie de vos 3 suspects. A propos de la stérilité de monsieur c'est impossible qu'un professionnel soit passé à côté, une simple palpation révèle la malformation et s'il a fait des tests ils ont bien du se rendre compte que sa semence n'était pas viable. S'il n'avait pas fait de tests je n'aurais rien relever, on peut passer sa vie sans se rendre compte qu'on est atteint d'azoospermie du moment qu'on ne tente pas de procréer mais le fait est qu'il a consulté. Il devait se poser des questions puisque le rendez-vous a été pris avant la naissance de leur fils et c'est bien curieux que rien ne soit écrit dans son dossier. Je suppose qu'en toucher 2 mots à Mrs Conrad serait intéressant surtout au sujet de l'enfant. Il semblerait qu'il n'ait pas été le seul à tromper sa moitié."


Alphonse regardait sa mère interrogatif. Il ne comprenait pas trop ce qu'elle venait de dire. Il prit tout de même sa main.
- "Oui, mère."
Ils rejoignirent Greg qui attendait au pied de New Scotland Yard. Il allaient prendre la voiture pour rentrer chez eux lorsqu'un policier les interpella.
- "Mrs Conrad, veuillez m'excuser mais suite à de nouveaux éléments dans l'enquête nous souhaiterions vous reparler. Veuillez me suivre je vous prie."